Les fausses idées sur la fabrication du papier

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La fabrication du papier est loin d’être l’industrie la plus grande consommatrice d’arbres…

Forêt européenne destinée au papier. Peinte à l'aquarelle.
Petite aquarelle de forêt

La fabrication du papier participe-t-elle à la déforestation française?

Non car la pâte à papier est fabriquée à partir de déchets forestiers et des arbustes sans utilité. On les abat pour éclaircir la forêt et permettre aux grands arbres de mieux grandir. Dans la fabrication du papier, on utilise aussi les déchets de scierie qui, s’ils ne sont pas récupérés, sont brûlés.

Affectations des différentes parties d'un arbre abattu
Les différentes destinations d’un arbre abattu

La fabrication du papier détruit-elle la forêt tropicale?

Non, les papetiers utilisent moins de 1% de de forêt tropicale pour faire la pâte à papier au niveau mondial. La destruction de la forêt tropicale vient surtout des pays pauvres. Ils abattent des arbres et vendent leur bois aux grandes entreprises pour fabriquer des meubles par exemple.

L’abattage des arbres et l’éclaircissement des forêts n’accentuent-ils pas l’effet de serre?

Non, les arbres d’un certain âge absorbent moins de gaz carbonique que les jeunes arbres qui rejettent beaucoup plus d’oxygène. Grâce à la sylviculture et l’entretien des nouvelles forêts, les arbres absorbent 40 millions de tonnes de dioxyde de carbone pour le rejeter en oxygène.

Replante-t-on des arbres une fois qu’on les a abattus?

Oui, on replante même plus d’arbres qu’on en abat pour entretenir la production de la matière première des papetiers. On plante différentes essences d’arbres grâce à la sylviculture.

Quelles sont les essences de bois utilisées en papeterie?

Les résineux (pin, sapin, épicéa, mélèze) sont principalement choisis pour la papeterie. Leurs fibres sont longues et la pâte qu’ils donnent est plus tendre. Les feuillus (bouleaux, peupliers, trembles, hêtres, charmes) sont moins utilisés car leurs fibres sont plus dures et plus courtes. L’eucalyptus est propre à la fabrication de pâte à papier au bout de 8-10 ans.

Répartition de la matière première pour la pâte à papier
Origines de la matière première pour pâte à papier

Pourquoi certains papiers sont à base de coton?

Grandement constituée de cellulose, la fibre de coton de par sa taille (30 mm de long) ne peut servir pleinement en papeterie. On l’utilise plutôt dans l’industrie textile. Par contre, les linters proches du noyau sont utilisés par les papetiers. Ils donnent au papier de la résistance (pour faire des billets de banque, par exemple) et du moelleux pour le bouffant. C’est un papier utilisé par les imprimeurs pour des livres à l’aspect volumineux. Les papiers beaux-arts qu’on trouve sur le marché 100% coton garantissent durabilité et grande qualité.

Les papeteries sont-elles polluantes durant la fabrication du papier?

Fut un temps où la problématique du blanchiment de la pâte à papier faisait utiliser des éléments chimiques pour enlever la lignine (élément jaunissant du papier). Par exemple, le bisulfite, les sulfates, le bioxyde de chlore, etc. Au début, ils étaient rejetés à l’extérieur mais très vite, les papetiers arrêtent de le faire. L’odeur pestilentielle transformait l’environnement en cloaque nauséabond. A présent, les rejets de la fabrication de la pâte à papier servent à différentes filières de production. Par exemple, le revêtement des routes.

Avec quoi fait-on du papier?

La pâte à papier est principalement fabriquée à partir d’eau et de pâte sèche à base de fibre de bois. Toutefois, on y ajoute des charges minérales pour donner une bonne opacité et stabilité au papier (talc, kaolin, carbonate de calcium), des colorants (si besoin), des azurants optiques (qui permettent de rendre le papier plus blanc) et de la colle pour imperméabiliser la pâte à papier et éviter qu’elle ne se comporte comme un buvard. On utilise de la colophane principalement. Certains papiers haut-de-gamme sont trempés dans la gélatine animale pour assurer une bonne imperméabilité.

Voilà des informations supplémentaires sur l’industrie papetière et j’espère avoir répondu à certaines de vos questions ou idées que vous aviez en tête. Contrairement à ce qu’on peut penser, le papier n’est pas à l’origine de la déforestation, au contraire: il participe à la reforestation en sylviculture pour entretenir les forêts et ne pas manquer de matière première pour la pâte à papier.

Sources:
De la forêt au papier, Marie-Hélène REYNAUD
D’art et de papier, Marie-Hélène REYNAUD

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9 réflexions sur « Les fausses idées sur la fabrication du papier »

  1. Merci pour ces précisions ayant été imprimeur le papier à partir d’eucalyptus était importé du Portugal les papiers chiffons pour les impressions de luxe j’adore

  2. Parfait toutes ces précisions qui démontrent une fois de plus que l’industrie a beaucoup évolué ces 30 dernières années. Beaucoup d’industriels ont su investir et transformer leurs méthodes de travail pour mettre en place du recyclage et des économies d’eau.

    • Bonjour,
      On peut constater une prise de conscience pour trouver des alternatives en ressources naturelles mais aussi dans le recyclage des plastiques. La route est encore longue mais la volonté est là.
      Alix

  3. Bonjour,
    Je vous invite à venir dans la région de Brive la Gaillarde (très belle région au demeurant) dans laquelle les coupes rases se multiplient pour fournir … l’industrie du papier. On est bien bien loin de l’éclaircissement auquel vous faites allusion !

    • Bonjour,
      Je ne connais pas la situation de Brive-La-Gaillarde mais je connais le Limousin et Smurfit Kappa vers Limoges.
      A ma connaissance, on n’abat pas un arbre exprès pour le papier. Les différents composants d’un arbre abattu n’ont pas la même destination et l’industrie papetière n’en consomme qu’une partie. D’autres industries bien plus consommatrices de bois se servent aussi dans le tronc.
      Je voudrais bien en savoir plus sur les sites dont vous parlez. Pourriez-vous m’en dire plus ?
      Cordialement,
      Alix

  4. Bonjour,

    Je vous félicite pour votre article et me permets de compléter votre réponse à Monsieur Vindevoghel.
    En effet, il y a une excellente raison qui fait que faire des coupes rases pour l’industrie papetière n’ont pas de sens, c’est la raison économique. Quel intérêt de vendre une coupe de chêne 10 euros la tonne quand on peut la vendre 300 euros le m3 en bois d’œuvre ?
    La finalité d’un sylviculteur n’est pas de planter pour vendre à l’industrie papetière. L’industrie papetière contribue à l’entretien de la forêt en permettant les éclaircies sans lesquelles la forêt dépérit.
    Cordialement.

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